La carte blanche que vous vous apprêtez à lire est parue dans la rubrique « Opinions » de l’édition en ligne du journal Le Soir.
Il est évident que pour sortir de la crise planétaire dans laquelle nous nous trouvons actuellement nos sociétés doivent repenser leurs modes de développements et tous les échanges qui en découlent en respectant une loi incontournable: il n’y aura pas de croissance infinie dans un monde fini.
Le système économique actuel ignore cette loi et nous condamne tous et ce, toutes espèces confondues. Ce n’est pas une projection vers un futur lointain, la sixième extinction de masse a commencé. Il serait bien arrogant de croire que nous n’en ferons pas partie…
L’homme a érigé une économie « factice » en chef d’orchestre de toute forme d’activité, oubliant qu’il ne peut y avoir de gestion intelligente de nos ressources sans connaissance préalable des modes de fonctionnement des écosystèmes qui nous les fournissent. L’écologie est la science qui nous apporte cette connaissance, là où l’économie ne devrait être que la gestion éclairée qui en découle. Car comment construire des sociétés durables si nous ne respectons pas les règles fondamentales qui gouvernent la terre ? Aujourd’hui l’économie de marché écrase toute possibilité d’expression humaine et ce quel qu’en soit le domaine : scientifique, éthique, social…
On nous annonce au terme d’avril 2019 que nous avons dépassé les capacités de charge de la planète et pourtant, à l’encontre de tout bon sens, nos ministres et chefs d’état continuent a penser, parler, organiser le monde en terme de croissance et de PNB. Un PNB totalement illusoire qui plonge ses racines et s’épanouit dans un contexte d’épuisement de nos ressources et de rejets incontrôlables de déchets dans l’air, les eaux le sol.
Notre planète agonise et les accords de Mercosur ne feront qu’encourager les causes et conditions qui la conduisent à un collapsus global. Il encourage la compétition sauvage entre les pays. Il valorise ceux et celles qui produisent plus, mal et à bas coût. Mais surtout il continue à prôner la croissance, là où nous devrions collectivement adopter la décroissance.
Alors oui, le système économique actuel qui génère des profits limités – dans le temps et à quelques égoïsmes individuels ou collectifs – doit être repensé. Le capitalisme, le libre échange et la compétition doivent céder la place à la coopération et à la solidarité qui sont des règles universelles à tous les niveaux d’organisation du monde vivant.
Il s’agit bien d’un changement de paradigme. De vision. D’attitude. Comment le mettre en place ? En serons-nous capables?
La plus grande difficulté ne sera pas d’inventer d’autres modèles de développement et de cohabitation, ils existent. La plus grande difficulté sera de renverser le pouvoir de ceux qui bloquent tout espoir de changement et de coordonner – au sein de chaque société, entre les nations et entre continents – les règles qui président aux équilibres mondiaux.
Si changer est un « non choix », ce que cela implique – de l’individu aux communautés – est le plus grand challenge auquel notre espèce ait été confrontée.
Mais il est clair. Il n’y aura pas d’échappatoire. Cinquante années d’inertie nous mettent dos au mur. Il nous faut choisir maintenant entre le chaos qui se dessine ou… un basculement des consciences individuelles et collectives permettant l’avènement d’une nouvelle ère de rapports entre humains, et entre l’homme et sa planète.