À la sortie du documentaire LoveMEATender, la Ministre E. Huytebroeck, l’IBGE, Eva et Planète-Vie ont lancé en partenariat le projet du « Jeudi Veggie » pour la Région de Bruxelles-Capitale.
26 mai 2011 : lancement du Jeudi jour Veggie
Discours d’Evelyne Huytebroeck, Ministre bruxelloise de l’Environnement, de l’Energie et de la Rénovation urbaine
Bonjour à toutes et à tous,
C’est avec un grand plaisir que je participe aujourd’hui à l’inauguration du Jeudi, jour Veggie ou journée dédiée aux légumes. Cette inauguration consacre un long travail de préparation mené en collaboration par les ASBL EVA et Planète Vie – que je remercie vivement. La campagne Jeudi jour Veggie invite toutes les Bruxelloises et tous les Bruxellois à la découverte d’une alimentation plus équilibrée et plus en phase avec la santé, le plaisir des sens, le respect de l’environnement et l’éthique.
Aujourd’hui, les informations se multiplient et convergent : nos modes alimentaires pèsent lourd sur la santé, l’environnement, notre portefeuille et influencent nos rapports aux autres, producteurs et consommateurs, d’ici et d’ailleurs.
Même si l’abondance d’une nourriture bon marché et de bonne qualité sanitaire a soutenu une amélioration continue de la santé et un allongement de l’espérance de vie en bonne santé, la tendance aujourd’hui est en train de s’inverser. Il se pourrait bien que nos enfants connaissent davantage de problèmes de santé que nous. Et cela directement en lien avec leur alimentation.
Du point de vue de l’environnement, nos choix alimentaires interpellent. Ainsi un tiers de l’impact environnemental d’un ménage bruxellois est lié à sa consommation de nourriture et de boissons. Au niveau mondial, l’alimentation est à l’origine de 33% des émissions de gaz à effet de serre et de la consommation de 60% des réserves en eau potable. En limitant la variété des aliments que nous invitons dans nos assiettes, nous contribuons à la perte de biodiversité alimentaire. Ainsi la FAO indique que trois quarts de la diversité génétique agricole ont été perdus au cours du dernier siècle.
Dès lors, promouvoir une consommation alimentaire plus durable est un objectif sociétal, et politique en ce qui me concerne, essentiel.
Mais qu’est-ce qu’une alimentation plus durable ?
C’est une alimentation qui vise à procurer les éléments nutritionnels dont nous avons besoin pour vivre en bonne santé et en forme tout en veillant à minimiser les impacts sur l’environnement, à respecter les droits humains et les droits des travailleurs. Pour les consommateurs, cela nécessite le développement de nouveaux repères et de nouvelles habitudes en termes d’achats, de gestion et de préparation des aliments.
Parmi ces nouveaux repères, rechercher un équilibre de l’assiette est une première
étape fondamentale. Ainsi, il s’agit d’accroître la consommation de céréales et de légumineuses, de fruits et de légumes, d’aliments bruts peu transformés, de limiter la consommation de protéines animales, de réduire la consommation de sel, de sucres raffinés, d’additifs de synthèse…J’en viens au sujet du jour : réduire la consommation de protéines d’origine animale, notamment la viande. Le débat sur la viande est passionné et passionnant tant les enjeux sont multiples et importants.
Soyons claire : mon soutien au Veggie Day n’est pas une condamnation de la consommation de viande. Mais il constitue une invitation à en consommer moins pour des raisons de santé, d’environnement et d’éthique. En outre consommer moins de viande permet de dégager des budgets pour consommer « mieux » de viande, de la viande de meilleure qualité, produite en lien avec le sol, sans recours aux aliments OGM, par des méthodes respectueuses de l’animal et de l’environnement.
Pourquoi moins de viande ?
En Belgique, nous sommes l’une des populations qui consomme le plus de viande au monde. Pour satisfaire notre demande en viande, nous devons recourir aux importations d’aliment pour bétail, de bêtes et de viande. Ainsi, nous mobilisons à notre propre usage des terres étrangères qui dès lors ne sont plus disponibles pour l’alimentation des populations locales. En outre, pour répondre à l’augmentation de la consommation de viande, les méthodes d’élevage se sont industrialisées, concentrées, avec un recours aux aliments OGM, aux antibiotiques, à l’écornage, coupage de bec… dans des conditions qui posent des questions d’ordre sanitaire mais également éthique. Pour des raisons environnementales évidentes : la moitié de l’empreinte alimentaire des Bruxellois est expliquée par leur consommation de protéines animales. L’élevage au niveau mondial est responsable de 18% des émissions de gaz à effet de serre et de l’occupation de 78% des terres agricoles.
Moins de viande également pour promouvoir la santé. Les protéines animales sont d’excellente qualité mais nos besoins sont couverts avec de petites quantités. Selon l’Office Mondial de la Santé, 75 à 100 gr par jour suffisent. Certains choisiront de réduire leur portion de viande quotidienne, d’autres préféreront se passer de viande à certains repas. C’est une question de choix personnel.
Ce qui est mobilisateur dans le Jeudi jour Veggie, c’est de changer nos habitudes ensemble, soutenus par la découverte d’autres propositions alimentaires. C’est vrai qu’en matière de comportement alimentaire, les changements sont difficiles. Non seulement parce que ces comportements sont forgés dès la plus jeune enfance, en lien profond avec la culture alimentaire du groupe au sein duquel l’enfant grandit. Mais aussi parce que nous manquons d’imaginaire lorsqu’il s’agit de concevoir un repas végétal, tant nous sommes conditionnés par l’image d’une assiette occupée au centre par un large morceau de viande et dans laquelle les légumes ne constituent qu’une garniture.
C’est à cette découverte qu’EVA et Planète Vie nous convient : de nouveaux aliments, de nouvelles associations, de nouvelles recettes, de nouvelles saveurs.
Nous inaugurons cette campagne aujourd’hui dans la cantine de la VUB. Je voudrais ici souligner le rôle extrêmement important que peuvent jouer les cantines pour promouvoir des modes de consommation alimentaire plus durables.
A Bruxelles, une majorité des repas sont pris à l’extérieur dans un lieu de consommation collective tel que les cantines des écoles, crèches, hôpitaux, homes, entreprises ou les restaurants. Les enfants consomment 30 à 50 % de leurs apports nutritifs journaliers à l’école. Dès lors, on comprend aisément qu’une modification de l’offre alimentaire dans ces lieux peut avoir un réel impact en termes de santé publique et de qualité environnementale. D’autant plus qu’en travaillant avec les structures de consommation collective, nous pouvons espérer encourager une alimentation de plus grande qualité dans tous les groupes de population et ainsi réduire la fracture sociale qui se marque tant en matière d’habitudes alimentaires.En outre, vu l’importance du chiffre d’affaires, les commandes de fournitures par les cantines, peut constituer un levier puissants vis-à-vis des modes de production et de distribution. Mais au-delà, les cantines sont lieux d’apprentissages collectifs, où toutes et tous nous pouvons apprendre ce que bien manger veut dire. C’est pourquoi je remercie vivement Philippe Merck, directeur de cette cantine, pour l’accueil d’aujourd’hui mais surtout pour son investissement dans la campagne Jeudi jour Veggie.
Je suis convaincue que cette campagne contribuera à faire de Bruxelles une ville plus durable.