Il est essentiel dans cette discussion de ne pas faire d’amalgames et de ne pas utiliser des arguments scientifiques, éducatifs ou écologiques pour légitimer une activité commerciale.

Pour l’instant il est évident que PD est un zoo, implanté dans un parc attractif pour les promeneurs. Sa priorité est de constituer des collections d’animaux pour mobiliser un public le plus large et le plus nombreux possible pour gagner de l’argent, ce qui en soi est le but légitime de toute entreprise à vocation commerciale.

Que les gens continuent ou non à venir dans ce type de structure relève d’un débat et d’un choix de société.

PAIRI DAIZA évoque devant les attaques de plus en plus régulières des mouvements de protection animale en Belgique son rôle dans la sauvegarde des espèces, le recueil d’animaux abandonnés … Chacun de ces points est juste, et mérite toute notre attention et nos efforts pour le réaliser. Mais chacun de ces aspects est une « vocation » à part entière, nécessitant des compétences, des structures, voire des implantations géographiques (et des partenariats entre pays  particulières.

Ce type de positionnement et de choix appartient à PD, mais il faut qu’il repose sur des arguments et des faits réels et se référant à chaque option envisagée dans sa globalité.

Se réfugier derrière des normes pour faire croire au public que les conditions de détention des animaux (des ours polaires en l’occurrence) sont « optimales » c’est oublier que ces normes sont établies par l’homme et … pour l’homme. Il y manque comme le dirait si bien la philosophe Md Pelluchon le regard de l’animal pour exprimer quels sont ses besoins réels. Ce débat là, tous les experts engagés dans la défense – du ou plutôt des – droits du vivant le connaissent, que ce soit pour les zoos, les cirques, les delphinariums ou les élevages intensifs. Les scientifiques au service de la production animale ont affirmé pendant des décennies que les poules en batterie ne souffraient pas, avant que ces mêmes batteries ne commencent à être interdites pour… cruauté envers les animaux. Il est évident que les normes telles qu’elles sont établies aujourd’hui protègent trop souvent les exploitants et non les espèces qui les subissent.

Affirmer comme le font les responsables des zoo que les animaux y retrouvent les conditions qu’ils connaissent en liberté pourrait faire sourire si la situation n’était pas aussi dramatique pour les animaux captifs. Il est évident que l’enfermement des animaux ne pourra jamais recréer artificiellement les conditions physiologiques et éthologiques qu’ils connaissent en milieu naturel. Dire le contraire est un mensonge, tout simplement. Un enfant de 10 ans à qui l’on exposerait les faits et poserait la question le dira. Il ne faut pas être expert pour cela…

Quant au reste, les débats restent ouverts sur les nombreux impacts de ce type de tourisme de masse sur la qualité de vie des riverains, sur le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique, l’épuisement voire la pollution de la nappe phréatique par les prélèvements d’eau et le rejet des lisiers,… bref un bilan global reste à établir.

Comme on le voit ce débat est complexe et de nombreux aspects méritent qu’on s’y arrête.

Les aspects positifs devraient être valorisés et développés. Protection des espèces menacées. Recueil (et législations plus rigoureuses) en matière d’abandons d’animaux sauvages.

Mais ils ne peuvent en aucun cas servir d’alibi aux aspects impactant la qualité de vie et la dignité des animaux emprisonnés, qui eux devraient être abandonnés. C’est pourtant ce que font la plupart des zoos pour légitimer leur activité aux yeux du public. Et la situation de nombreux zoo est bien pire qu’à PD…

Pour cela, il faudrait que nous atteignions individuellement et collectivement un niveau de conscience et de respect des autres formes de vie sur cette merveilleuse planète que nous partageons si mal avec elles. C’est pourquoi l’éducation est essentielle. C’est pourquoi aussi de nombreuses personnes s’indignent sur la mise en place de classes vertes pour les écoles dans des zoos en partenariat avec certains pouvoirs publics.

Dr. Yvan Beck