» TOT OU TARD, UNE ECONOMIE DE CROISSANCE ENTRERA EN COLLISION AVEC UN MUR ECOLOGIQUE  »

 » Ralentir ou périr. L’économie de la décroissance. Timotée PARRIQUE, Editions Seuil, 320 p., 20 euros  »

Chercheur en économie à l’Université de Lund en Suède, Timotée Parrique publie un livre dans lequel il déconstruit le mythe de la croissance en proposant un modèle de société basé sur la décroissance.

La décroissance n’a pas toujours bonne presse. Pourquoi fait-elle si peur ?

La décroissance fait peur parce qu’on a romantisé la croissance, devenue un vase symbolique rempli de fausses promesses. Mais la croissance est quelque chose de très précis : l’augmentation du PIB peut très bien se faire sur fond de régression sociale et de dégradation écologique ( c’est le cas aujourd’hui dans les pays à hauts revenus ).

La crise énergétique actuelle nous conduit naturellement à la décroissance ?

Tôt ou tard, une économie de croissance entrera en collision avec un mur écologique. Nous en faisons l’expérience aujourd’hui avec les sécheresses, les pandémies liées à notre relation avec la biodiversité, la raréfaction de certains métaux, le changement climatique et la crise de l’énergie. Nos économies à haut PIB demandent une quantité collossale d’énergie et de matériaux pour pouvoir fonctionner; ce n’est pas juste pour les pays du sud qui se retrouvent sans ressources pour leur propre développement, et ce n’est pas soutenable sur le long terme même pour nous. Il va donc falloir décroître, le plus tôt possible pour que cette transition se fasse de la manière la plus contrôlée, juste et sereine; c’est soit la décroissance, soit l’effondrement.

Une économie de la post-croissance serait donc plus efficace que nos économies actuelles ?

Tout à fait. Ce grand régime économique qu’est la décroissance, transformation à la fois quantitative et qualitative, nous permettrait de construire une économie de la post-croissance, c’est-à-dire une économie qui puisse prospérer sans croissance. C’est une économie centrée sur les besoins ( et plus sur les profits ), dont les modes de financement, le système monétaire, le monde du travail, et beaucoup d’autres institutions économiques sont adaptés aux limites planétaires.

L’Echo de la Bourse – samedi 10 septembre 2022 – Extraits.