Lettre de notre président le Dr Yvan Beck.

 

La séparation entre l’homme et les autres formes de vie est à l’origine de bien des maux dans nos sociétés dites « modernes ».

En se coupant de la Nature, l’homme s’est coupé inconsciemment de ce qu’il est. Il a perdu nombre de ses repères. Dans sa folie il a divisé juridiquement le monde en deux catégories[i] : l’humain et le mobilier. Ce dualisme lui a permis d’asservir le monde qui l’entoure selon ses désirs et de l’exploiter à outrance.

En quelques siècles le modèle économique matérialiste qui repose sur ce dogme a mené nos sociétés aux impasses écologiques et sociales que nous traversons aujourd’hui. Tous les paramètres sont au rouge depuis… les rapports du Club de Rome[ii] ou de la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement[iii]. Près de quarante ans plus tard rien n’a changé. Aujourd’hui nos sociétés sont au bord de l’effondrement.

Là où certains – dont les chasseurs – voient un « abîme entre l’homme et l’animal que seuls les fanatiques ne veulent pas voir », nous pensons que leur attitude ancrée dans l’ignorance de qui nous sommes réellement et de ce qui lie toute chose sur terre est à l’origine des souffrances infligées au monde vivant dans son ensemble.

Planète Vie, défenseuse de l’Interdépendance du Vivant, réfute cette vision étriquée du passé qui proposait une image de l’homme hissé au sommet de l’échelle des espèces et reposant sur des « propre de l’homme »[iv] tombés les uns après les autres au gré des observations scientifiques modernes.

Cette vision n’est plus d’actualité. Elle appartient au passé. Quel besoin de se relationner à la nature sauvage par la mort et la souffrance ? Tout comme celui de prôner une activité récréative qui consiste à prendre du plaisir en tuant un être sensible alors que l’acte ne repose sur aucune nécessité vitale pour l’homme ou la planète. ?

La chasse avait un sens à l’époque des « chasseurs cueilleurs » et reste sans doute d’actualité dans les peuples qui maintiennent ce type de mode de vie. Aujourd’hui, dans nos contrées elle est devenue un loisir/business pour ceux qui la pratiquent et ce quoi qu’ils en disent…

 

  • L’argument écologique ne tient pas quand on sait que la plupart du temps les animaux introduits en période de chasse proviennent d’élevages destinés aux chasseurs et seraient incapables de survivre dans la nature. Bien au contraire, le plomb des millions de cartouches tirées contribue à la pollution des sols et tue des millions d’oiseaux par contamination.

 

  • Dans bien des cas comme pour les sangliers, les animaux sont nourris artificiellement par l’homme qui favorise leur surpopulation et les dégâts qu’ils occasionnent.

 

  • Les zones destinées à la chasse sont interdites à la population alors que le nombre de personnes susceptibles de profiter de ces espaces naturels constitue une écrasante majorité par rapport à celui des chasseurs.

 

  • Le nombre d’accidents de chasse ne cesse de s’élever chaque année, mettant en danger promeneurs et riverains

 

Pour l’ensemble de ces raisons, écologiques sociales et éthiques, Planète-Vie s’oppose à la chasse dans nos régions.

 

 

[i] Ceci n’est pas un dauphin, manifeste pour une reconnaissance juridique du monde vivant, préface de Matthieu Ricard ; Yvan Beck et col ; 2017 ; éd. Avant-propos

[ii] Quelles limites, le club de Rome répond ; 2074 ; éd. Du Seuil

[iii] Notre avenir à tous ; CMED ;1988 ; éd. Du fleuve

[iv] Aux origines de l’humanité – le propre de l’homme ; sous la direction de Pascal Picq et Yves Coppens : 2002 ; ed Fayard